BERCK PLAGE

THEATRE/ PERFORMANCE

CRÉATION 2020

BERCK PLAGE, un one-woman-show-participatif inspiré par un fait divers qui a eu lieu sur la plage de Berck en 2013: un infanticide sur fond de sorcellerie.

PRÉSENTATION DE LA MAQUETTE LE 11 JUILLET 2019 AU FESTIVAL D'AVIGNON, À LA MANUFACTURE.

Conception & Interprétation Mélanie Martinez Llense
Scénographie& vidéo Clarisse Tranchard
Lumière Emmanuel Valette
Son Elisa Monteil

Chorégraphie & 3ème oeil Isabelle Landié

Assistante à la mise en scène Claire Lapeyre Mazerat

Soutien en production Das Plateau aux Ulis - Espace culturel Boris Vian, le 104 / Centquatre, le Point Ephémère.

Un matin de Septembre 2017 je lis dans le journal Libération un article sur le procès d’une femme accusée d’avoir assassiné sa fille de 15 mois en l’abandonnant en 2013 sur la plage de Berck. Fabienne KABOU tel est son nom. Elle tenait un journal intime très prolixe, avec de longues phrases. Le 19 novembre 2013, elle écrit : «Rien»; ce jour-là, F. K a « déposé » sa fille, 15 mois, sur la plage de Berck, à la marée montante. Dans l’espace ouvert entre le geste de l’infanticide et le mot « RIEN », une envie de mettre en scène, de raconter l’ histoire, s’est imposée à moi. A partir de la sidération, faire création.

Sur scène je dialoguerai avec ce que F.K nous a fait savoir d’elle (à travers son journal intime et la chronique judiciaire), ce que nous projetons d’elle (à travers un corpus littéraire, mythologique et sociologique sur l’infanticide) et ce qu’elle vit dans » sa tête »: un conflit entre réalité et imaginaire ( d’origine Sénégalaise F.K dit avoir été maraboutée).
Je ne chercherai cependant pas à reconstituer la vie de F. K. ni à la juger, mais plutôt à investiguer par le jeu, par la scène, par la mise en commun avec le public, la perception de ce que nous appelons "rationalité" et à dialoguer avec l’inexplicable, à partir de ce gouffre ouvert entre ce geste de l’infanticide et ce mot « Rien ».

Pour mettre en scène la multiplicité de ces versions dévoilées pendant le procès, j’utiliserai la forme de la reconstitution policière, qui est en soi une mise en scène. En effet, dans la reconstitution, le crime doit être re-joué autant de fois qu’il en existe de versions. Ici je mettrai en scène toutes les versions de "ce dont F.K est le nom". La mise en scène déploiera ainsi la multiplicité de ce qu’est la réalité d’un tel acte: une réalité kaléidoscopique entre schizophrénie, mythologie, sociologie et maraboutage Africain.

Pour la dimension performative, je ferai appel au public pour participer à la reconstitution et jouer les protagonistes de ces différentes versions. Possibilité d’animer en amont des ateliers amateurs dans les lieux où la pièce sera programmée et participation possible de ces amateurs au spectacle.

Le plateau de théâtre se transformera en plateau de reconstitution policière dont j’orchestrerai le déroulement et où, grâce aux différents médiums utilisés: objets scéniques et vidéos, au son et à la lumière, j’organiserai à vue la montée de l’obsession de F.K, le brouillage entre la réalité et son imaginaire qui la pousse progressivement à l’acte de l’infanticide.

Cette « reconstitution » ne prétendra pas résoudre l'affaire, ou proposer de nouvelles pistes. Mais, à travers ses différentes versions, permettra d’ interroger notre propre voyeurisme de spectateur et mettre en abîme les ressorts de notre fascination/ sidération universelle pour ce type de fait divers.

Cette performance artistique j’espère libérera un kaléidoscope d'impressions, de sensations, renvoyant chaque interprète et membre du public à ses préjugés, mais également peut être à ses questions personnelles. Ne pas traiter le crime lui-même, mais étudier son impact sur la communauté humaine, travailler à partir de cet angle mort de la raison, de notre point d’aveuglement collectif face à cet acte, se saisir de notre ignorance et se laisser ébranler à notre tour. Ici, je m’attacherai à donner à voir de ce dont F.K est le nom.

Mélanie Martinez Llense