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LA FÊTE/ Extraits.

TEXTE Mélanie Martinez Llense

 

Récit cosmogonique.

Au commencement tout était grand ouvert

tout n’était que faille fente ouverture.

Au commencement il n’y avait rien à voir

rien à nommer

rien

le don du rien

il va il vient

oui c’est bon.

Au commencement il n’y avait rien

rien qu’un gros trou noir (Maman)

et rien qu’un gros bordel  (Papa).

Trou et bordel baisait tellement que rien ne poussait

Sur cette terre.

L’enfant désir celui qui rompt les membres dit

écarte les cuisses Maman pour que je puisse vivre

dans cet Occident en Bermuda

et il coupa la bite de Papa

la vérité sort et entre par la bouche des enfants

oui c’est bon.

L’enfant désir celui qui rompt les membres dit

je vais faire un monde à partir de toi

le sans-bite.

Je découpe ta carcasse dans le sens de la longueur

et ça devient  l’univers

c’est bon.

Ta chair pour faire la terre

c’est bon.

Ton sang pour faire la mer

c’est bon.

Tes os brisés pour les montagnes

tes dents: les rochers et les cailloux

c’est bon.

Le dôme de ton crâne, la voûte céleste.

Je jette ton cerveau en l’air contre ce crâne

et les bouts qui restent collés ce sont les nuages.

Puis l’enfant désir celui qui rompt les membres prit la bite coupée

pour tout bien mélanger à l’intérieur du crâne

et obtint un parfait ciel bleu d’été

oui c’est bon

c’est bon la création

have a look Mama.

Maman-trou devint folle devant tout ce sang

et parce que tout se recycle même les génocides

elle finit par faire du boudin

pour tout l’Occident désenchanté.

Avec le surplus du sang qu’il restait pour le boudin

elle fit l’humanité qu’elle vendit sur les marchés

big work to do Mama.

Je ne suis pas la première

et je ne serai pas la dernière

sacrifiée sur la place des marchés.

Père, Mère, I don’t care

I’D RATHER  BE A LOVER THAN A MASTER.*

Come to me viens à moi

mon besoin d’insatisfaction est impossible à

rassasier.

Au commencement il n’y avait rien qu’un gros trou noir

et à la fin il n’y aura rien qu’un gros trou noir

mais parce que je suis humanité je refuse d'être ce que je suis

d’aller d’un trou noir à un autre trou noir pour une sombre histoire de bite coupée.

Père Mère vous ne nous avez pas appris que les trous noirs

ne sont pas vraiment noirs mais

rouges comme un corps chaud et vivant

et qu’ils brûlent comme un corps chaud et vivant

et nous avons faim de combustibles comme des enfants voraces

Père, Mère je vais vous bouffer.

I’M BLOOD/ BORN TO BURN/ DUST TO DUST*

Ma conscience et mon être se dilatent

dans un incendie cosmique

où je ne cesse de renaître à moi-même

où toutes choses trouveront leur salut

dans la naissance d’un monde régénéré réfrigéré

je ne m’apprivoiserai jamais

mon humanité est ma révolte.

Alors Fracture moi que je déborde

et que je gicle

et que je m’invente ainsi à nouveau

et que cela laisse une traînée blanche sur ta face

et cela s’appellera l’Amour.

 

*Je préfère être un amant qu’un maître.

*Je suis sang/ Né pour brûler/ Poussière tu retourneras à la poussière.

LE CONTE.

Au milieu des feuilles
il y avait une jeune fille dansant nue
sur un air de rock and roll.
Elle chantait
est ce que les animaux pleurent comme les humains quand ils meurent?
est ce que les animaux pleurent comme les humains quand ils meurent?
Et quand la nuit tomba sur elle
elle était encore en train de rire.

Au milieu des feuilles
il y avait une jeune fille dansant nue
sur un air de rock and roll.
Joli morceau de viande
les yeux rougis
par le mystère appris
que cherches tu au fond de la forêt ?

La jeune fille répondit
un coin à la terre meuble
pour y enterrer le cœur de nos Mères et de nos Pères
afin qu’un quelconque chien ne le déterre pas.

Au milieu des feuilles
il y avait une jeune fille
dansant nue sur un
air de rock and roll.
Elle disait
je viens d’une famille
où les femmes sont des trous et accouchent comme des bêtes.
Ma naissance : un piège pour bête à poils courts enfoncé dans mes os.

La jeune fille s’enfonça plus profondément dans la forêt.
Sous le piège refermé on devinait s’agiter son squelette de jeune fille.

Regardez la s’exorciser
gicler hors d’elle-même
large comme une fente.

Elle disait
je veux être plus
je veux être plus que ma petite histoire-assignation à domicile fixe.
je veux être plus que ton rêve d’enfant-rose bleu-tu seras un homme ma fille.
je veux être plus qu’une ambiance vide et calme voire sympa le samedi soir assis sur les fauteuils en velours rouge plein de trous de clopes du Cherry Lane club de la zone industrielle du Boulou.
je veux être plus qu’un pays d’orbites creuses et de fausses joies.
je veux être plus que ce que disent ces bouddhistes-qu’il y aurait 3000 mondes possibles en un seul instant de vie-mettez m’en minimum une douzaine svp Madame Madame svp-donnez nous chaque jour notre moi quantique.
je veux être plus qu’un P.I.B-paysage intérieur brut-désertique.
je  veux être plus que-comme l’Univers en perpétuelle expansion-viens découvrir ma nébuleuse-je renonce à mon histoire pour la partouze identitaire.
je veux être plus qu’une humanité vide-interchangeable et durcie.
je veux être plus qu’un ciel qui n’éclaire plus que des monuments aux morts.
je veux être plus qu’un horizon-risque d’exil-regarde au sol mes espoirs détruits.
je veux être plus qu’une odeur de pain-grotte déserte-sur mes pas la joie.
je veux être plus-pas plus grave-pas moins beau-qu’un ventre affamé-humide.
je veux être plus
je veux
je veux
être plus je
veux plus
être plus…..

Et si un jour une autre jeune fille
déterre le coeur de nos Pères et de nos Mères au fond de la forêt
qu’est ce qu’elle trouvera?
Nos histoires et nos vies
notre humanité à peine
taillées dans le coeur arraché
d’une bête sans nom
et qui bat encore
lumineux
aux tempes de la nuit.





 

 

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